Le 4 août 2020 avait lieu la catastrophe de Beyrouth, au cœur d’un Liban déjà fragilisé par une grave crise économique, sociale et politique. Un an plus tard, malgré l’aggravation de la situation, une nouvelle organisation locale cherche à apporter sa contribution dans la reconstruction du pays : Architecture sans frontières Liban. 

 

Le vent du changement

Au lendemain de l’explosion, ASFQ avait diffusé un communiqué pour témoigner sa solidarité envers le peuple libanais et souligner le rôle de l’architecture pour reconstruire la capitale. Aujourd’hui, l’anniversaire du sombre événement est un souvenir douloureux pour les habitants du Pays du Cèdre, dont l’économie est en chute libre douze mois plus tard avec en sus pandémie et confinement. En ce 4 août 2021, notre équipe souhaitait donc saisir l’occasion pour réitérer sa solidarité envers la population libanaise et annoncer une bonne nouvelle : la création d’Architecture sans frontières Liban (ASFL). 

Basé à Beyrouth, ASFL est un regroupement de professionnels de l’aménagement qui se sont unis pour travailler en partenariat avec la société civile libanaise. Le nouvel organisme s’est donné comme mission d’apporter, grâce à des interventions architecturales, des solutions pratiques pour améliorer l’environnement bâti des communautés vulnérables. L’équipe d’ASFL fonctionne en ce moment exclusivement grâce à l’apport d’une dizaine de bénévoles. 

Pour ses quatre fondateurs, ASFL trouve sa pertinence dans le mouvement de contestation populaire actuel et l’organisme pourrait devenir une instance locale reconnue du milieu de l’architecture :

« La création d’ASFL est un des signes des temps nouveaux dans lesquels s’est engagé le Liban depuis le soulèvement populaire du 17 octobre 2019 et a été déterminée par l’explosion du port de Beyrouth du 4 août 2020. À l’instar d’ASFQ, ASFL ambitionne de devenir le bras humanitaire de l’Ordre des architectes et des ingénieurs de Beyrouth, surtout que le vent du changement a balayé aussi les mentalités sclérosées qui ont prévalu jusqu’alors dans la direction du plus grand et plus puissant ordre professionnel au Liban. » 

– Ziad Moutran, Bachar El-Amine, Elias Mattar et Neda Ilyia Stevenson, co-fondateurs d’ASFL

D’ailleurs, ASFL n’est pas sans lien avec ASFQ. Sa création s’est faite à l’initiative de Ziad Moutran, architecte libano-canadien et ancien collaborateur d’ASFQ du temps où celui-ci était basé à Montréal. Suite à la catastrophe, cet architecte a mobilisé d’autres professionnels et a sollicité l’aide d’ASFQ pour mettre sur pied une organisation comparable au Liban. Dès l’automne 2020, notre équipe s’est rendue disponible à plusieurs reprises pour conseiller ses fondateurs quant au démarrage, au fonctionnement et au développement d’une telle entité sœur. 

 

De premiers projets sur le terrain

À l’heure actuelle, bien que l’incorporation d’ASFL ne peut être complétée vue la paralysie de la bureaucratie libanaise, le nouvel organisme est déjà en activité. Son objectif est d’offrir des services pour une diversité de projets d’aménagements communautaires au Liban et dans la région. Aux yeux de ses fondateurs, les actions d’ASFL sur le cadre bâti s’imposent comme un remède aux souffrances de la population locale : 

« Sans l’ombre d’un doute, les maladies socio-psychologiques dont souffrent de plus en plus le peuple libanais reviennent en partie à notre environnement bâti et architectural. Le chaos urbain participe de l’amplification du stress et de la frustration généralisés dans un pays victime des exactions d’une classe politique corrompue et criminelle. » 

Les jeunes sont certainement les plus fragiles à l’heure actuelle. Dans cet esprit, ASFL collabore avec Let’s Play, un projet lui aussi porté par des architectes et qui vise la reconstruction des terrains de jeux d’écoles touchées par l’explosion. Celle-ci a affecté plus de 140 écoles et autant d’aires de jeux. La majorité des élèves reprennent l’école après des mois d’études en ligne en raison des restrictions liées à la COVID, mais nombre d’écoles sont toujours endommagées.

Dans ce contexte ASFL cherche à maximiser l’apport du design dans le projet, pour aider ces enfants à faire face à leurs expériences traumatisantes. La pratique démontre en fait que des espaces bien conçus peuvent avoir des effets thérapeutiques. Les récréations peuvent devenir des espaces de guérison par le jeu, le plaisir, les couleurs, le toucher, les ambiances visuelles, les parfums, etc. Voilà une façon pour ces enfants de retrouver l’espoir, la confiance, une identité et un sentiment d’appartenance.

ASFL envisage aussi d’autres projets de réaménagements d’espaces publics et des collaborations locales pour la reconstruction de Beyrouth et le bien-être de la population libanaise. Si le travail dans le contexte de crise actuelle devient chaque jour plus difficile, son équipe garde le cap avec une résilience admirable :

« Le Liban passe par des moments très difficiles à tous les niveaux et dans tous les domaines : politique, économique, monétaire, social et j’en passe. Nous évoluons dans cet environnement malsain et maléfique, sans horizon et sans beaucoup d’espoir de sortir de ce gouffre. Quand bien même, nous maintenons la ferme volonté de persévérer coûte que coûte, contre vents et marées, et de contribuer un tant soit peu à l’amélioration de notre cadre de vie urbain et architectural. » 

L’équipe d’ASFL continue ainsi à tenir des réunions de travail régulières afin de progresser malgré la situation. ASFQ continuera d’ailleurs à l’appuyer par tous les moyens possibles et tient à saluer l’extraordinaire détermination de ses membres. Si vous souhaitez soutenir ASFL et ses projets, faites un don déductible d’impôts à ASFQ. Tous vos dons iront aux actions d’ASFL sur le terrain. Tous les fonds déjà récoltés en 2020 par ASFQ pour le Liban seront également versés à cette fin.

Pour en savoir plus sur ASFL, suivre le développement de l’organisme ou témoigner votre support à leur équipe, consultez leur site web et inscrivez-vous à leur infolettre : https://asf-liban.org/