Conception et construction d’une infrastructure médicale, dans une zone isolée de 4 000 habitants, sur les hauts plateaux de l’île rouge.
Loin de tout
Madagascar est un pays riche de ses sous-sols et de sa biodiversité, mais se classe parmi les pays les plus pauvres du monde. La région de l’Itasy, pourtant proche de la capitale Antananarivo, fait partie elle-même des moins favorisées du pays tant sur le plan économique que celui des infrastructures de base. Ambatofotsy est une localité difficile à situer sur les cartes dont les 4000 habitants vivent disséminés dans un paysage aussi grandiose qu’aride. La population a très peu accès aux services publics dus à l’isolement de la région. En particulier, le village ne possède aucune infrastructure médicale.
À l’abri de la maladie
Même si Madagascar bénéficie d’une situation insulaire, le pays n’est pas à l’abri de pandémies, des maladies comme la poliomyélite ont été récemment éliminées, mais d’autres comme la rougeole ou le paludisme font de nombreuses victimes. Or les zones les plus isolées et dépourvues d’infrastructures sanitaires sont des foyers à risque, auxquels s’ajoutent maux et maladies conventionnels laissées sans soin. C’est pourquoi le renforcement des capacités sanitaires est indispensable à l’échelle du territoire.
Un réseau québécois
L’organisme Ingénieurs sans frontières Québec, partenaire d’ASFQ, avait déjà initié une démarche d’appui auprès des Soeurs Missionnaires de l’Immaculée Conception, œuvrant dans la communauté d’Ambatofotsy depuis des années. Le Programme de coopération internationale de l’ÉTS (PRÉCI) s’est joint à la démarche pour financer la construction d’un centre médical et ASFQ s’est pour sa part rallié au projet à titre de partenaire architectural.
Une conception inclusive
Une architecte d’ASFQ s’est rendue sur place en mission volontaire, en mai 2017, pour rencontrer les partenaires locaux, consolider la relation avec les villageois, comprendre le site et préparer les premières commandes de matériaux. Cette mission préparatoire a facilité la conception d’un bâtiment culturellement approprié, durable, universellement accessible et faisant la fierté de la population, dont les besoins ont été sondés sur place lors de rencontres et d’ateliers participatifs.
La conception a privilégié les meilleures options d’approvisionnement local et a sollicité les conseils de JARY, une firme de la capitale. Le bâtiment respecte les principes vernaculaires de construction malgache, tout en incorporant des concepts modernes. La construction a été pensée en deux phases. La première a permis de livrer le bâtiment principal. Elle a été complétée avec l’aide des étudiants en génie de la cohorte 2017 du PRÉCI, qui ont réalisé une mission de coopération sur place, de septembre à décembre, pour assister l’entrepreneur chargé des travaux.
Une première naissance
Le centre est entré en opération en début février, juste à temps pour accueillir la première naissance de l’année, le 12 février 2018. Un médecin assure les consultations 3 jours par semaine, une infirmière et une sage-femme sont présentes en permanence pour offrir les premiers soins et les services de maternité. Une deuxième phase de la construction sera préparée en 2019 et mise en œuvre en 2020 avec un appui de la Fondation internationale Roncalli. Elle sera nécessaire pour compléter le centre et le rendre pleinement fonctionnel, notamment par l’ajout de logements pour l’équipe médicale et les patients.
Avancement du projet
Chargée de projet bénévole
Marilène Blain-Sabourin
Architecte, administratrice d’ASFQ
«Ce projet est une expérience humaine qui m’a permis de partager des connaissances professionnelles et d’acquérir des compétences personnelles. Travailler dans un contexte culturel distinct demande une capacité d’adaptation et d’ouverture sur la différence. Le partage des conditions de vie précaire et les sourires constant de la communauté, ont su bonifier la conception du projet, transformer certaines valeurs personnelles et modifier ma vision de l’architecture.»
Témoignages
« Avant le centre de santé d’Ambatofotsy, il fallait marcher trois heures de temps pour atteindre le médecin le plus proche. Les difficultés étaient nombreuses, parfois fatales. Nous avons eu la joie de travailler avec Architecture Sans Frontières du Québec par le biais de Marilène Blain-Sabourin. Son séjour a été vraiment apprécié. Elle a même organisé des rencontres avec la population pour les faire participer à la conception. L’existence du Centre médical change peu à peu leur vie! »
« Je m’estime chanceux d’avoir compté sur l’appui d’ASFQ pour la réalisation de ce centre médical. Ce fut une expérience très enrichissante à la fois au niveau professionnel et personnel. Merci d’avoir été à l’écoute de nos besoins et surtout de ceux d’une communauté de Madagascar. »